jeudi 23 mai 2024

12./ 'JE SUIS NE UN 16 OCTOBRE COMME...' (part 1 & 2) de Jean-Luc Galus - Illustration collage de Johanna Vangheluwe la Cowpunk d'Oostend et Illustrations musicales 'No More Whiskey' (33 tours) & 'Baby Please Don't Go' de Big Joe Williams.

Big Joe Williams et moi sommes nés un 16 octobre et quand lui est mort (enfin voyageur immobile) – moi pas encore - sa pierre tombale financée par une collecte Big Joe Williams toute sa vie a voyagé sur le tard il utilise les royalties de Baby Please don’t go pour s’acheter un mobil home qu’il fixe sur un lopin de terrain encombré de voitures déglinguées tablette en rotin sous laquelle il loge son ampli raccommodé aussi un peu partout des éraflures des éclats du scotch translucide et des fils enroulés rafistolant éternellement musicien migratoire ses guitares bricolées en récupérant de vieux instruments avariés une boite à cigare un manche à balai divers accessoires de ménage un cintre métallique autour du cou pour tenir un kazoo kit main libre avant l’heure pour jouer de la guitare Big Joe Williams va au charbon 3 molettes sur la tête de la Silvertone et du câble pour creuser la gamme chevalet que parcourent ses doigts boudinés Certains disent que Big Joe Williams ressemble à une grosse baleine il suffit d’observer les armoiries tracées sur la caisse de sa Sovereign son rafiot en bout de course en aristocrate harponneur 3 pointes plantées au sommet de la tête pour les 3 cordes supplémentaires vieille coquille de noix Le Delta Blues Museum ne possèderait qu’une guitare 12 cordes utilisée dans ses derniers jours à Chicago sous le comptoir du Jazz Record Mart vous trouverez peut être la guitare à 9 cordes de Big Joe Williams

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Je suis né un 16 octobre comme

Big Joe Williams -le blues man- Big Joe Williams toute sa vie a voyagé dislocation écartèlement renaissance il y a tant de souvenances sonnantes et trébuchantes sur les routes bétonnées millésimées mille neuf cent soixante deux dans l'Ariane vers l’Auvergne je vais à petit feu dans un hiver de dômes gelés je suis le comburant de ma mémoire qui racle jusqu’à la pierre le gris l’ocre et la terre remembrement un paysage en perpétuel changement comme sur les routes de Belgique les plaques bétonnées aux joints sombres et saccadés le cahin cahotant du train que je suis sur les plaques millésimées juin à septembre mille neuf cent soixante et un dans le col de la Jubaru de soubresaut en soubresaut en haut je pousse carcasse et vélo rejoindre la pesanteur de mes grands-pères gens de la terre mineur agriculteur ce que je farfouille des fragments fragiles et volatiles la neige ne tient pas là où la mémoire est à vif je suis à la trace les hivers du Queyras les cascades gelées dans la haute vallée attaché lié à des paysages que j’avais fait semblant d’oublier l’île Calot près de Carantec sur le bras de mer sinueux serpent (noirte) le pont de la corde et le temps pendu roulé le long des côtes de la Bretagne –cabotage pluvieux dans la SuperCinq- pour quelques mots d’une chanson de Philippe Léotard : « j’irais bien ce soir pleurer à Locquirec les Pins dans le Finistère Nord… » une vie constituée de pièces rapportées comme les mains d’un assassin cousues au pianiste à la folie cahin-caha tout vouloir reconstruire comme Big Joe Williams sur le tard il utilise les royalties de Baby Please don’t go pour s’acheter un mobil home qu’il fixe sur un lopin de terre encombré de voitures déglinguées tablette en rotin sous laquelle il loge son ampli raccommodé je suis ainsi aussi un peu partout des éraflures des éclats du scotch translucide et des fils enroulés rafistolé comme Big Joe Williams -le blues man- musicien migratoire ses guitares bricolées de vieux instruments avariés une boite à cigare un manche à balai semaine claudicante des heures des morceaux comme s’il manquait des pièces au puzzle où voudrais-je aller ? trouver la plage ….. des grandes gifles de vent froid des cornets de lumière arrosée de coulis anthracite des rues en perspective cavalière chenal venteux des recoins décalqués de toiles d’ Edward Hooper des façades poissées de chiures blanches là où des volatiles avaient niché dénicher à fonds de cale la mémoire raclée sur les rochers dans les îles venteuses des Cyclades le trajet est prévisible il y aura les routes comme des toboggans de montagnes russes les arachides offertes sur le comptoir de l’épicerie de Fodélé le village de Dominicos Théotokopoulos El Greco les moulins à vent par dizaines sur le plateau de Lassithi les chats écaille de tortue dans les rues pentues de Naxos le sable noir de Santorin je serai là où l’incendie est le plus vif (la neige ne tient pas) Avancer à petit feu d’un feu de mine qui me consume (la lenteur gagne dans mon carré de nuit froide rencognée dans un angle obtus de la plus grande (nuit) toujours enneigée à cette heure je rentre seul un peu hagard en priant quand même que la neige fondue qui tombe encore délave et essore ces sursauts de mémoire.)


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