Six garçons qui ont lustré leur peau sur le rabat satiné de leur costume électrique. L'un tisse des guipures ajourées comme la caisse rougeoyante de sa guitare afin de montrer de quel bois il se chauffe quand l'autre fend la vague tel le Capitane Achad qui se cabre face à Moby Dick aux abois. Les vois-là pour la première fois ! Les voilà ces seigneurs aussi émaciés que des duchesses morphinées. Dans l’œil du cyclone j’ai vu ! Des effets de dislocation des parties de corps séparées supprimant tout point d’appui C’est une remise en question des lois de l’équilibre !
J’ai vu un danseur en lézard morose enchainer les zigzags, j'ai vu un boxeur trébuchant, j’ai vu un forçat forcé aux fers, les jointures oxydées sous l’orage que les autres déversent. Et le groupe tresse des cumulus de suie où semblent se dessiner de sombres présages comme dans un simple marc de café… Signes de menace ou de fatalité ? Le voilà fil-de-fériste en appui précaire qui culbute le bel ordonnancement de l’univers. C’est un danseur escaladant à la suite d’Eurydice jusqu’au-dessus le volcan comme s’il s’était extirpé des enfers dans un escalier en hélice aux marches lissées par des siècles de circulation ! Au milieu d’eux le voilà ! Equilibriste dont les contorsions convoquent Francis Bacon. Parmi eux le voilà en Christ tiré à quatre épingles… Egon Schiele en Saint Sébastien. Celui-là qui danse endigue le tourment.
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